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Nationalisme et Clanisme

"Le Clan, c'est la Corse" avait coutume de dire Jean-Paul de Rocca Serra, des décennies durant chef de file de la droite républicaine intransigeante... et intervenant discret en faveur nombreux prisonniers politiques corses auprès des autorités françaises. Fondement de l'anthropologie et de la culture Corses, le système et la mentalité claniques ( ou plutôt leur dégénérescence ) furent combattus par le mouvement national. Mais nationalisme et clanisme sont ils des réalités irrémédiablement inconciliables ? Le concept de Clan, de part ses principes antimodernes ne constitue-t-il pas un anticorps à opposer aux métastases mondialistes, voire la quintessence d'un renouveau de l'esprit national ?


Clanisme et contre-clanisme, culture et contre-culture.

Au cours des années 70, on plaçait l'origine du clanisme au cœur de l'Histoire coloniale française. En réalité, on peut supposer son existence dès l'origine, du fait du cloisonnement de l'île. "Les douze peuples habitants la Corse" cités par Ptolémée étaient tout simplement douze tribus corses, douze clans. Et du fait géo-déterministe insulaire, la société corse est resté figée à cette époque. Retirons le drapeau à tête de maure et il ne reste pas un peuple mais douze tribus endogamiques, patriarcales, pyramidales. C'est un fait, et nous ne pouvons en faire abstraction parce que la géographie détermine les peuples. A cela s'ajoute la culture. La racine de celle-ci est pré-indo européenne de type ibérique. La preuve de l'existence de ce substrat commun est qu'il a donné naissance à des types d'hommes qui, au paroxysme de leur capacités, ont crée peu ou prou le même type de gouvernement: Napoléon, Salazar, Franco, Perón (d'origine sarde). Ces gens sont la face positive de notre culture ancienne dans le sens qu'ils ont dépassés le stade du clan pour atteindre celui de l'Etat dans un processus "lumineux" et "Apollinien" décrit par Julius Evola.

La face négative ou qui peut être perçue comme telle nous est aussi commune: une dépendance à un système qui asservit. De fait, ce poids très tôt ressenti par la population a du poser une question d'ordre philosophique: qu'est-ce que la liberté? A-t-on considéré que la liberté était relative parce que conditionnée par nos instincts? Au chaos,on a choisi la justice, donc l'ordre du clan. Et c'est sans doute pour cette raison qu'à l'époque romaine, les corses étaient si intéressés aux sujets abordant la justice.




Anti Clanisme et Anti Famille.

A partir des années 60, les jeunes corses ont voulus se libérer de l'emprise étouffante de ce que l'on appellerait volontiers un "fascisme de type ibérique" que l'on nomma "le clan" (et qui est aussi bien pratiqué à droite qu'au P.C.F.) Il existait à l'époque deux constats, qui ont donnés deux stratégies différentes: pour le Front Régionaliste Corse, dans le courant des idées de l'époque, il fallait libérer les peuples et les individus", donc briser les cultures étouffantes et surtout traditionnelles. Avec le recul de l'Histoire, on comprend que cela n'a fait que le bonheur du libéralisme. Pour l'A.R.C., il fallait désorganiser les structures sociales du pouvoir local afin de créer la sienne propre. Une génération plus tard, on voit que cette stratégie a porté ses fruits à Bastia. Ce dont n'ont pas tenu compte les régionalistes, autonomistes ou nationalistes de l'époque, c'est qu'en agissant de cette façon, ils ont mis en péril la seule structure solide de la société qui, si elle a collaboré, a aussi résisté selon différentes stratégies au pouvoir français (insurrection pro-russe de 1800, Topi Pinnuti du Maréchal Sebastiani etc.). Une de ces stratégies est celle de la démographie. Les conservateurs sont attachés à la religion catholique qui a d'ailleurs joué de grands rôles dans l'Histoire de la Corse. C'est l’Église qui soutient la famille, donc le clan. Alors que la République française, pour créer son "Homme Nouveau" veut détruire tout ce qui peut s'y opposer, donc détruire l’Église, détruire la famille, détruire les enracinements et introduire des individus neufs (des immigrés) qu'elle pourra (tenter de) modeler à sa façon. Les jeunes idéalistes de l'époque ont chargé au cœur d'une société du Moyen-Âge qu'ils comprenaient à peine avec des armes qui n'étaient pas les leurs, qu'ils ne maîtrisaient pas véritablement et qui ont fait des ravages difficiles à réparer.


Liens du sang.

La société corse est endogamique. Si la structure du clan est effectivement pyramidale, à la constatation de l'existence de classes (ghjurnataghji, pastori, sgio') s'ajoute aussi celle de castes, la mésalliance ayant souvent pour prix le déclassement. L'identité est celle du groupe, de la famille, pas de l'individu, qui n'existe pas dans la société méditerranéenne (di qual'sé?). Le lien du sang garantit une étanchéité de la culture (les crises familiales, voir mêmes commerciales sont souvent causés par des mariages mixtes où s'affrontent deux cultures différentes), la solidité de la société par la cohésion autour d'un "ceppu", d'un village, d'une pieve et la garantie de paix. La paix étant garantie par la force, ce qui revient à la loi du nombre évoquée plus haut. Le lien du sang est un lien à la terre, de façon concrète et non pas théorique. Si nous pouvons affirmer scientifiquement que les Corses sont majoritairement dolichocéphales O+ depuis 10000 ans et non pas une bouillabaisse mondialiste comme on tente de nous le faire croire; si nous pouvons aussi affirmer notre identité comme un des plus vieux peuples d'Europe, c'est grâce à l’endogamie, aux liens du sang, au clan.

Le Mythe d'Antigone.

Il existe deux lectures du Mythe: la première est la lecture occidentale contemporaine qui veut voir dans Antigone une rebelle héroïque dans sa lutte à mort contre la tyrannie. La seconde est celle du contexte historique méditerranéen que nous n'avons pas dépassé: Celle de la famille qui refuse l'autorité de l’État. La première lecture présuppose l'acte d'un individu, mais cet individu n'existe pas. Il s'agit d'une personne, membre d'un clan. Ce qui signifie que le clanisme est antinomique avec le concept d’État. A moins d'êtres "anarchistes", ce qui n'est pas le cas des Corses, cette réalité est incompatible avec nous. Toutefois, au moins une fois dans notre Histoire, nous avons réussi à aller au delà de cette impasse: il s'agit de la période de la fin de l'âge du bronze et du début de l'âge du fer, celle des "Torréens". Notre mission politique est, à partir d'éléments sociologiques incontournables et de mécanismes historiques avérés, de créer les conditions de la naissance d'un seul et même clan, ce qui signifie la naissance de l’État. L’État conditionnant le peuple, nous aboutirons à la naissance d'une civilisation.

La dérive des clans.

Outre son refus de l’État, l'effet négatif contemporain du clanisme est sa situation de dégénérescence. Celle-ci est causée par sa confrontation avec la société moderne (urbanisation, capitalisme, rente, idéologies exotiques etc.). Quand le chef de clan perd tout lien avec ses racines, ses "seguacci" le font payer. Nicolas Giudici, auteur du livre "Le crépuscule des corses" aux éditions Grasset donne une analyse de la cause de cette passerelle qui existe entre clanisme et nationalisme. Ces deux forces politiques sont les seules qui garantissent la survie de notre culture, malgré les errements de chacun. Une fois dépassés les leitmotivs des années 80, l'électorat sait où sont ses intérêts. "Les années 1970 ont tout mis sur la table à propos des clans -l'histoire, le bilan, les objectifs, les méthodes-, mais pas l'essentiel: le caractère irréductible de la clandestinité qui baigne les différentes factions et en constitue l'essence."... "Seule la vision globale peut déceler, au-delà des rivalités de façade, le lien dialectique qui unit les clans à la clandestinité. Cette interaction révoque l'image pieuse, répandue dans l'opinion, selon laquelle la crise corse s'identifierait à un conflit de générations entre "anciens" -la vieille garde claniste- et "modernes" -la mouvance nationaliste. Un schéma romanesque, mais faux. Les affrontements n'épargnent aucune chapelle, même si la fracture initiale semblait se polariser sur les classes d'âge. Clan et clandestins sont deux facettes d'une même réalité. Les déchirements qui ensanglantent la Corse n'affrontent pas une, deux, trois ou dix visions divergentes de l'île, mais la confrontent à son unité conflictuelle." In Le crépuscule des corses, 1997 p. 185.


Le rapport à la force.

Si l'on observe bien, le père fondateur de chaque clan contemporain a toujours été en situation de révolte armée (Giacobbi et Zuccarelli résistants en 1943, Siméoni en 1975, le cas Rocca Serra est particulier. Bien que le père de l’actuel député ai combattu en Italie, il a toujours veillé à fonder sa légitimité sur l'héritage politique et historique des Cinarchesi). Ce rapport à la force n'est certainement pas anodin dans le constat de la survie politique d'un clan à travers les générations. C'est ce qui nous fait penser que Gilles Simeoni, qui s'est inventé politiquement sur la base des interminables procès d'Yvan Colonna, a plus de chance de durer à travers le temps que Jean-Christophe Angelini. La condamnation de la violence (et surtout le manque de "schietezza"), si elle n'est pas que rhétorique, ne paye pas au sein d'une société fondée sur la réalité de la force.

Le Nationalisme comme les Clans sont aujourd'hui confrontés à un nouveau paradigme colonial, fondamentalement anti-corse : celui de la "gauche américaine" qui régit le monde occidental actuel et produit la "parité hommes-femmes" ou le mariage homosexuel, en attendant les quotas ethniques visant à la "diversité"...et la fin des clans, du nationalisme et du peuple Corse...

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