L'un des animateurs de LN a répondu aux questions du blog nationaliste breton Barr Avel.
Ci-dessous la retranscription de cet entretien.

Thierry Biaggi, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et présenter votre parcours politique ?
50 ans. Issu de la diaspora corse du sud est de l’hexagone. C’est là que débute très tôt mon parcours politique, au Front National, dans le courant « européen » issu de la Nouvelle Droite. Nous sommes au milieu des années 80 durant cette ère Mitterrand qui a vacciné beaucoup de jeunes contre la gauche pour l’éternité. Revenu au pays à l’age de 20 ans, je m’oppose à la ligne ultra-jacobine et républicaine du parti sur la question corse. Je suis finalement exclu en 1998, au moment de la scission de Bruno Megret ( que je ne rejoins pas ).
Depuis le début des années 2000 je milite « à la base » au sein du mouvement national corse dans différentes structures syndicales, politiques et méta-politiques.
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Récemment Leia Naziunale, le mouvement que vous animiez, a été mis en sommeil au profit de la création d’un front plus large : Forza Nova. Pouvez-vous présenter le mouvement Forza Nova à nos lecteurs ?
LEIA NAZIUNALE est un « noyau idéologique » tourné vers la conscientisation et le travail doctrinal. Il s’agit de tracer les orientations du nationalisme corse du futur et de s’opposer aux dérives gauchisantes et mondialistes des structures existantes.
FORZA NOVA est un jeune parti politique officiel nationaliste de droite, qui ambitionne de jouer un rôle sur le terrain institutionnel dans la continuité des luttes antérieures. Une liste a été présentée aux dernières municipales de Bastia. FORZA NOVA conçoit son action dans le contexte de la « lutte civilisationnelle » qui traverse le monde européen. C’est pourquoi nous nous rapprochons de la droite italienne, en pointe dans ce combat. Il s’agit pour nous de mobiliser cette frange importante de l’électorat qui vote nationaliste aux élections locales et RN aux présidentielles et européennes. Nous voulons incarner une alternative corse et enracinée au lepénisme. Nous voulons participer avec nos options propres, à la lutte unitaire du peuple corse pour une évolution politique globale passant à court terme par un statut d’autonomie proche de celui des autres iles de la Méditerranée occidentale.
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Vous étiez investi localement dans le mouvement des Gilets jaunes. Comment expliquer que le mouvement n’ai pas pris en Corse et quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Les Corses ne se sont guère identifiés au mouvement Gilets Jaunes pour des raisons culturelles, alors même que la précarité et le déclassement touche une grande partie de notre peuple. Les Corses n’exhibent pas leur pauvreté et le Gilet Jaune constituait un « uniforme des pauvres » que les nôtres ne voulaient pas endosser. Au début , les Gilets Jaunes en Corse rassemblèrent essentiellement des français issus de la colonisation de peuplement. C’est pourquoi nous avons constitué des collectifs patriotiques destinés à « corsiser » la lutte sociale et l’orienter vers des problématiques locales, dans une dimension politique nationaliste. Nous avons surtout veillé à ce que la gauche apatride ne retourne pas le mouvement à l’image de ce qu’il est advenu dans l’hexagone. Ici seul le drapeau corse a flotté sur les manifestations et rassemblements.
La Corse semble en bonne voie pour gagner en autonomie et peut-être à terme s’émanciper de l’Etat français. Combien de gens soutiennent l’idée d’une Corse indépendante ? Quelle est la situation du mouvement corse aujourd’hui ?
Non, la Corse n’est pas en bonne voie pour l’autonomie. Malgré la fin de la lutte armée ( 2014) et les victoires électorales nationalistes depuis 2015, l’état français refuse toute évolution positive. En réalité le système jacobin n’est pas réformable et s’opposera toujours par principe à une quelconque reconnaissance de peuples européens autochtones. La « diversité » et le droit à la différence est à usage unique des communautés extra-européennes. C’est la raison pour laquelle corses, bretons, basques ne seront jamais reconnus comme le sont les kanaks et autres ultra-marins. Toute avancée ne peut donc qu’être le fruit d’un rapport de force qu’il convient de mettre en place.
Le mouvement national corse institutionnalisé est aujourd’hui majoritairement autonomiste et réformiste, acquis au mondialisme. Les indépendantistes sont divisés autour d’obscures querelles de boutiques. Tous sont gangrénés par le gauchisme, en incapacité d’incarner une alternative au régime en place. De nombreux nationalistes sont « hors structures » et refusent de cautionner certaines dérives immigrationnistes et politiciennes. FORZA NOVA ambitionne de rassembler tous ces mécontents.
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Récemment, nous faisions un dur constat : il y a environ 400.000 extra-européens sur le sol breton sur une population totale de 4,8 millions d’habitants (https://barr-avel.blog/2020/11/25/ou-en-est-le-grand-remplacement-en-bretagne/), qu’en est-il en Corse ?
L’immigration extra-européenne est importante, essentiellement maghrébine et marocaine , sans doute entre 15 et 20 % de la population. Celle-ci a débuté dans les années soixante dans le sillage des rapatriés d’Algérie installés en Corse. Cette immigration est alors d’origine rurale et ne pose guère de problèmes. La deuxième génération ne fut guère influencée par la culture « rap-banlieue » promue par la gauche française. Mais les lois de la démographie sont implacables et l’Etat français encourage une colonisation de peuplement extra-européenne qui constitue un levier de tension pouvant être activé contre les Corses. Des phénomènes de banlieuisation-islamisation commencent à apparaitre chez nous, même si pour l’heure, ils ne sont pas comparables à ce que l’on constate dans l’hexagone.
Un autre phénomène migratoire important à souligner est le nombre de français qui s’installent chaque année en Corse pour fuir la tiers-mondisation et le chaos sévissant dans l’hexagone, espérant trouver chez nous des espaces préservés et surs, ce qui parfois pose d’autres problèmes.
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L’Etat français semble aujourd’hui déterminé à utiliser le prétexte du coronavirus pour restreindre les libertés. Qu’en est-il de la situation sanitaire en Corse ? Que vous inspire la politique macronienne sur le sujet ?
La Corse a été très touchée au début de l’épidémie Les nationalistes en responsabilité à la Collectivité de Corse ont su s’opposer à l’autoritarisme parisien et proposer une voie alternative ; La Corse a su parler d’une seule voix. L’Etat n’a pas imposé sa narration. Les mesures de bon sens défendues par les nationalistes ( test avant embarquement pour la Corse, restriction des flux de voyageurs, soutien à Raoult, refus du Ritrovil ) ont donné lieu à une confrontation avec les services de l’état qui a perdu ce qui pouvait lui rester de crédit. La situation sanitaire tend à s’améliorer aujourd’hui, du fait de l’auto-discipline de la population.
FORZA NOVA est engagé depuis plusieurs mois en pointe de la lutte pour les libertés publiques, individuelles et collectives, ainsi que pour une politique de santé décidée en Corse par les Corses. Nous avons multiplié les manifestations publiques, les démarches administratives et judiciaires, les interventions médiatiques sur ce thème éminemment de droite.
Contrairement aux autres mouvances nationalistes, nous avons dénoncé Macron comme l’Ennemi dès avant la présidentielle de 2017, ce qui nous donne une légitimité certaine pour le combattre aujourd’hui.
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Parlons culture, quelle est la situation de la langue corse aujourd’hui ?
Malheureusement la situation de la langue corse est de plus en plus désespérée malgré les efforts méritoires et constants des nationalistes. Coupée de son environnement italique naturel pour des raisons idéologiques, elle n’est plus transmise dans les familles. La colonisation de peuplement, les familles mixtes, le contexte global de mondialisation, la fin de la société agro-pastorale traditionnelle ont réduit l’emploi de la langue corse au quotidien. Pour les nationalistes institutionnels la langue est le vecteur d’identification et d’intégration au peuple corse, en dehors de l’appartenance ethnique. Ils luttent donc activement pour son officialisation et son développement. Pour nous, il s’agit d’une question de principe politique : la langue corse est la langue nationale du peuple corse. Elle n’a pas forcément une vocation « universelle ». Son enseignement doit selon nous être lié à celui de l’italien qui lui donnerait des débouchés naturels.
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Auriez-vous un auteur corse (ou plusieurs) à conseiller à nos lecteurs ?
Les auteurs corses les plus intéressants sont ceux liés au premier nationalisme, du début du XXième siecle à la fin de la seconde guerre mondiale : Santu Casanova, Petru Rocca, A.F. Filippini. À ce moment là émerge une conscience nationale autour du journal A MUVRA , qui fera preuve d’avant-gardisme politique, en opposition avec les « valeurs de la République » de Paris. Les auteurs contemporains sont imprégnés de l’idéologie dominante ce qui les rends moins interressants. L’on conseillera particulièrement » Littérature et politique en Corse. Imaginaire national, société et action publique » de Jean-Guy Talamoni, Albiana, Ajaccio, juin 2013, une très bonne synthèse de « l’idéologie littéraire » corse.
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Nous vous laissons le mot de la fin. En conclusion ?
L’Europe des Peuples « aux cent drapeaux » rêvée par Yann Fouéré est indissociable de l’Europe-puissance, impériale, unifiée en son sommet dans ses fonctions régaliennes ( Armée, diplomatie, dissuasion nucléaire etc ..) alliée à la Russie. Ces deux dimensions du combat européen ne peuvent être disjoints. Cette Europe libre ne pourra se construire que sur les ruines de la pseudo-Union Européenne et des régimes mondialistes oppressifs de l’ouest du continent. La période historique qui s’ouvre sera celle des ruptures. Les peuples-patries issus du fond des âges et conscients d’eux-mêmes seront seuls en mesure de survivre au chaos qui vient.
Vive l’Internationale de la lutte des peuples !
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