
Chacun le sait, la radicalisation du régime apatride de Paris se manifeste par une censure croissante d'internet et des réseaux sociaux. Vient alors le temps des "samizdat", les écrits imprimés anonymes des dissidents de l'époque soviétique, qui diffusent les idées interdites et les "pensées déviantes". Depuis plusieurs semaines un recueil remanié d'articles du blog SANGUE CORSU circule sur l'île et parmi les corses exilés. Son rédacteur répond à nos questions.
Comme de nombreux corses, nous lisons avec attention et intérêt votre site depuis plusieurs années, Vous sortez un manifeste au sous titre titre évocateur : l'ethnie Corse face aux défis de l'invasion démographique. Qu'est ce qui vous pousse à sortir ce livre aujourd'hui et à qui s'adresse ce livre ? Qui est « Sangue Corsu » ?
Sangue Corsu est au départ l’ébauche d’un réseau militant de corses de la diaspora qui vise à conscientiser le maximum de corses qui vivent hors de l’île sur la nécessité d’un retour en Corse. L’idée n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau c’est le paradigme "politiquement incorrect" insufflé par des militants insulaires qui ont voulu créer une connexion avec leurs frères du continent, à l’heure où la Corse est prise d’assaut par des nouveaux résidents issus de tous les horizons et que la vie en hexagone devient caduque du fait de l’insécurité grandissante, sans parler du terrorisme islamiste. Sangue Corsu est le dénominateur commun idéal de tous les corses, où qu’il leur soit donné de vivre au gré des aléas de l’histoire. Car si la question ethnique ne se posait pas à la naissance de la lutte de libération nationale contemporaine pour des raisons évidentes, elle se pose désormais à l’heure du concept farfelu de « communauté de destin » que les mondialistes ont repris à leur compte pour nous vendre notre disparition comme un enrichissement culturel. Sangue Corsu, c’est aussi un blog, dont j’ai rapidement été le principal administrateur de 2013 à aujourd’hui.
L’idée de publier une synthèse du blog Sangue Corsu sous la forme d’un manuscrit papier me trotte dans la tête depuis un moment. Déjà parce que Facebook est le territoire des pleurnichards qui vomissent et signalent rien qu’à la vue du générique. Record du monde du point Godwin. Ensuite, je tenais à inscrire noir sur blanc l’idée de liens du sang. Désormais l’intégralité des articles du blog depuis 7 ans n’existe plus ( près de 500 articles ). Parce que sur internet je tenais à privilégier la langue corse, même si j’étais conscient qu’en le faisant le nombre de lecteurs allait diminuer. Ce n’est pas grave. Maintenant il y a le bouquin. Les fragiles pourront toujours dégueuler, mais ils ne pourront plus signaler. Ce manifeste s’adresse en premier lieu aux jeunes. Tous les corses, quelle que soit leur orientation politique, s’accordent à dire que nous sommes envahis. D’un côté il y a ceux qui pensent encore pouvoir « fabriquer » des corses, et de l’autre ceux qui ne veulent simplement pas disparaître. Entre les deux il y a ceux qui ne veulent pas disparaître tout en fabriquant des corses... Qu’est ce qu’être corse en 2019 ? Je n’ai pas vocation à distribuer les points, simplement à remettre quelques pendules à l’heure. A partir du moment où l’on en est réduit à rappeler des évidences c’est mauvais signe. Certains ne jurent que par la « communauté de destin » mal comprise, je préfère parler de destin de communauté bien comprise.
Comment la vie en banlieue parisienne a-t-elle influé sur votre conscience politique ?
Pour commencer mon frère et moi sommes nés à Bastia. Nous nous sommes toujours sentis corses bien qu’ayant grandi en banlieue parisienne. Sans doute grâce au fait d’être issus de familles corses ancrées en Casinca depuis X générations... Et aussi grâce au fait d’y avoir passé toutes nos vacances été comme hiver. Si bien qu’on ne s’est jamais sentis chez nous en France. Le corse, nous l’avons toujours entendu parler en famille. Malheureusement on nous a toujours parlé français. Il a fallu aller le chercher nous mêmes bien des années plus tard, quand nous avons pris conscience de la tâche qui nous incombait. La vie en banlieue parisienne ? Petits, tout est rose. Nous étions tous ensemble, blancs, noirs, arabes etc. En grandissant les choses se gâtent. Tu parviens à conserver des liens d’amitié avec tout le monde, mais tu comprends vite qu’il n’est pas bon être blanc. Et encore moins français. Ça tombe bien, nous étions corses. Les images de conférences clandestines au JT dans les années 90 ont crée l’amalgame dans les yeux des jeunes des banlieues qui ne respectaient que la force, ce qui nous a valu indirectement un certain respect. C’est comme ça... On ne comprenait pas grand chose à tout ça à l’époque, mais on comprenait le sens... La conscience politique est venue plus tard en découvrant l’histoire de Corse dans les livres. Ce fut un choc et un émerveillement. Difficile de décrire toute la fierté ressentie à ce moment là. Nous étions donc colonisés. Donc solidaires de tous les colonisés du monde. Mais les grands discours sur la fraternité sont peut être valables d’un peuple à l’autre mais ils ne résistent pas longtemps à la réalité de la vie en banlieue. J’ai vu de mes yeux les ravages de l’immigration. Mais c’est comme parler de la saveur d’un plat. Je peux t’en parler pendant des heures mais tant que tu n’y a pas goûté tu n’en sauras jamais rien... Personnellement le FN n’a jamais été ma tasse de thé, parce que je n’ai jamais voulu être plus français que les français. Je respecte ses militants en tant qu’européens à condition qu’ils respectent le nationalisme corse. Mais à un moment donné le fait d’être corse ne résiste pas non plus au fait qu’aux yeux des immigrés nous ne sommes que des blancs. Débrouilles-toi pour leur sortir la fable du bandeau blanc relevé sur le front de l’esclave si tu veux descendre du train en bonne santé. Mais c’est pas gagné. Ça t’apprendra à raconter des conneries.
Comment juger l'écart entre une société corse idéalisée en exil et la réalité insulaire d'aujourd'hui ?
Il y a 20 ans c’était encore différent. Aujourd’hui on commence à compter les corses. Année après année tu arrives et tu vois de nouvelles constructions. Mais le pire ce sont les corses. Je n’ai pas vécu en direct « l’évolution » de la société corse. Il y a toujours eu deux paradigmes: le 9-3 d’un côté, la Corse familiale des villages de l’autre. Rien au milieu. La banlieurisation de la Corse est une vision insupportable. Nous sommes bien sur à des années lumières du continent mais tous les ingrédients sont réunis pour créer une société merdique déracinée. Les événements de l’Empereur et Sisco nous ont permis de nous rassurer sur le fait que nous n’étions pas encore complètement morts. Sinon qu’elle image aurions nous de mêmes à l’heure actuelle ? Mais être réellement vivant pour un peuple historique comme le nôtre, ce n’est pas se casser la voix en hurlant « arabi fora » à une majorité d’habitants qui n’ont finalement d’autre tort que de bénéficier des lois coloniales qui les autorisent à vivre en masse chez nous, tout en continuant à être de bons petits consommateurs qui se contentent finalement d’un léger vernis identitaire. On est colonisé ou pas ? On souffre sincèrement la disparition de notre peuple ou pas ? Personnellement j’en ai rien à foutre du prix de l’essence, pas de souci je la paye ton essence de merde même si j’aimerais te la voler, mais de voir mon peuple envahi ça oui ça m’est insupportable au quotidien, bien plus que le prix du caddie.

Comment réveiller la jeunesse corse ?
J’en sais rien. Peut être en réveillant d’abord les adultes. Mais ils ont souvent la tête dans le guidon et doivent faire face à leurs obligations quotidiennes qui leur laissent peu de temps pour être des exemples pour leurs enfants étant donné qu’ils ont déjà du mal à être des exemples pour eux mêmes... La langue, la culture ou encore la « mentalité » tout le monde en parle sur Facebook mais combien incarnent réellement ce qu’ils disent ? Évidemment tout n’est pas si sombre. Je crois encore au renouveau de mon peuple. Il paraît que l’on ne critique que ceux que l’on aime. Et bien moi je ne dis jamais « je t’aime ». C’est pourquoi je le critique à la folie. Personnellement j’essaye de m’appliquer d’abord à moi même ce que je préconise pour les autres. Je disais qu’il fallait rentrer, je suis rentré. Il faut parler corse, je m’évertue à dire et écrire ce que je sais. Peut être commencer par ne pas se laisser bouffer le cerveau par toute cette bouffonnerie importée dans nos écrans de télévision. Ne pas cultiver une haine inféconde qui rend dépressif mais plutôt œuvrer à son niveau à aider les siens d’abord, et les autres si on a le temps... Il n’y a pas de potion magique. J’ai entrepris la rédaction de quelques pages qui je l’espère, auront au moins le mérite d’éveiller la conscience ne serait ce que d’un seul jeune corse. Je n’aurai alors pas tout à fait perdu mon temps..
Le mouvement nationaliste a toujours eu divers tendances. La frange politicienne de celui ci c'est déclarée en faveur d'une corse mondialisée, humaniste et libérale. Que pensez vous de cette orientation ?
Je pense que cette orientation est suicidaire. Ceux qui sont aux affaires aujourd’hui sont dans l’air du temps. Certains ont beau être sincères, cela n’empêche qu’ils se trompent sincèrement. Je pense que le couplet sur la Corse « terre d’accueil » sert simplement de plaidoirie à des logiques marchandes qui en vérité se moquent bien du destin des peuples historiques comme le nôtre. De toute évidence ce « nationalisme » là ne mène plus de combat authentiquement libérateur, il s’accommode simplement du colonialisme parce qu’il y trouve son compte. Avec tout le respect que l’on peut avoir envers ceux qui ont une certaine antériorité dans la lutte de libération nationale, dans la vie ce n’est pas parce que l’on a été un rebelle dans sa jeunesse qu’on le reste à un âge avancé... J’y vois surtout le signe de la fin d’une époque, reste à savoir si notre génération saura reprendre le flambeau. Mais comme je l’explique dans le manifeste, je ne crois plus tellement en la politique. Je crois au communautarisme.
Invasion migratoire, insécurité, gauchisation des esprits, la francisation de notre pays n'a jamais été aussi violente que ces dernières années. Quelles perspectives d'avenir pour notre peuple ? Pensez vous qu'il existe une structure politique capable d'apporter des solutions à cette crise désastreuse ?
Comme je viens de le dire, je ne crois pas qu’il puisse y avoir en l’état actuel des choses un mouvement politique capable de changer la donne. La colonisation de peuplement ne va pas s’arrêter. Quant à la francisation des corses, elle n’est pas encore irréversible, c’est pourquoi j’ai espoir dans le communautarisme. Pour certains c’est un gros mot. C’est pourtant la raison d’être des corses depuis toujours. A mon avis le rôle d’une structure politique réellement sécessionniste est d’œuvrer à conscientiser les corses sur la nécessité de se communautariser. Si nous ne le faisons pas, nous disparaîtrons. C’est aussi simple que ça. Cela implique quelques sacrifices. Mais tant que les centres commerciaux seront pleins il ne se passera rien. Ce manifeste appelle la frange la plus saine et la plus consciente de notre peuple à se préparer.
Avec ce modeste « manifeste », j’ai surtout voulu rompre avec la vieille nostalgie d’un passé idéalisé et méconnu de la plupart d’entre nous. Il ne suffit pas de dire que nous sommes le seul premier peuple de droit sur ce petit bout de territoire sous prétexte que nous avons le patronyme qu’il faut, l’autocollant bien placé, un tatouage ou un pendentif en guise de médaille du meilleur imbécile heureux d’être né quelque part. Il va falloir un peu plus que ça, pour être à la hauteur de nos prétentions. Cette identité n’est pas acquise, elle doit s’entretenir et se transmettre au delà du folklore et de l’image mythifiée de nous mêmes que l’on regarde au travers du prisme français. J’en appelle à la force. La force est un générique qui englobe des réalités différentes. Force linguistique, force culturelle, mais surtout force communautaire. Et cela passe obligatoirement par la force de production individuelle de chacun et ce dans tout les domaines, autant moraux que physiques. La question n’est pas de savoir « comment faire pour que tous les habitants de l’île se sentent corses », mais plutôt comment faire pour que chaque corse soit la meilleure version de lui même.
