
L'un des animateurs de LEIA NAZIUNALE accordé un entretien au site de ré-information alsacien Alsace-actu, sur le thème"gilets jaunes et nationalisme".
Ci dessous-l'intégralité de l'article :
Les manifestations des Gilets Jaunes se poursuivent, et semblent réveiller un certain peuple français, qui jusqu’alors était politiquement muet. Nous avons cherché à savoir ce qu’il pouvait en être dans une terre distincte géographiquement et culturellement de la métropole, à savoir la Corse. Car les liens entre les Gilets Jaunes et la question de l’autonomie peuvent évidemment intéresser les Alsaciens, désireux d’un Etat français moins présent, moins jacobin, moins centralisé.
Pour mieux comprendre la situation sur l’île, nous avons interrogé Thierry Biaggi, l’un des animateurs du groupe nationaliste corse Leia Naziunale (Lien National en français). Vous pouvez découvrir l’activité de ce groupe sur leur page Facebook ou sur leur site Internet.
Propos recueillis par Thibault Fontannes
Alsace-Actu : Pouvez-vous faire un bilan des manifestations GJ en Corse, et les comparer à ce qu’il s’est produit en France ? (ampleur, revendications, quelle était la population mobilisée…)
Thierry Biaggi : Le mouvement des « gilets jaunes » peine pour l’heure à mobiliser massivement en Corse et ce, alors même que la précarité et le déclassement frappent une grande partie de la population. Des groupes sont actifs dans quelques localités et organisent barrages filtrants, occupations de rond-points, blocages et manifestations. Quelques confrontations avec les « forces de l’ordre » se sont produites, occasionnant blessés et arrestations.
Le mouvement des « gilets jaunes » a été à l’origine porté par des Français installés sur l’ile et de fait est perçu comme allogène par nombre de Corses. Il tend depuis à se « corsiser » et se recentrer sur des problématiques locales comme les monopoles contrôlant la distribution du carburant, le prix des transports…etc
Des collectifs se sont constitués et des rencontres avec les élus de l’Assemblée de Corse ont été organisées pour avancer concrètement sur certains dossiers. Le risque étant de neutraliser et dépolitiser la révolte et de fait, lui ôter sa dimension historique.
AA : On a vu beaucoup de drapeaux alsaciens, mais aussi français dans les manifestations en Alsace, cela-a-t-il été similaire en Corse ?
TB : Non, seul le drapeau corse flotte dans les manifestations et rassemblements des « gilets jaunes », bien que ceux-ci soient pour partie issus de la colonisation de peuplement française. L’exhibition du drapeau tricolore susciterait des oppositions, de la jeunesse notamment. Mais le drapeau corse a lui flotté à Paris lors des grandes manifestations. Notre peuple se sent dans l’ensemble concerné et solidaire du mouvement mais ne s’y identifie pas totalement pour des raisons culturelles.

AA : Le mouvement des GJ a commencé par un « ras-le-bol » de l’État, avant que d’autres revendications ne s’y agrègent. Les nationalistes Corses aimeraient aussi que l’État Français soit moins présent, pour donner plus d’autonomie à l’île et à ses habitants ?
TB : Sans doute, les hexagonaux ressentent ils aujourd’hui ce que vivent les Corses et autres minorités nationales européennes colonisées, à savoir que l’état n’est pas LEUR état, que la police n’est pas LEUR police, et que la caste politico-médiatico-financière parasitaire qui les domine et les opprime leur est en réalité étrangère, quand bien même certains de ses éléments exprimeraient leur mépris avec un accent du terroir.
Les nationalistes Corses défendent par définition l’idée d’une Nation Corse aspirant à son destin propre. Ils ont également conscience d’appartenir au monde européen. Le point commun entre les corses et la « France périphérique » est que tous deux perçoivent l’état central, à la fois jacobin et mondialiste, comme une entité hostile. La différence est que pour les Corses, cette conscience est naturelle, enracinée dans l’histoire. Pour les Français, l’enjeu est de reconquérir la France, pour nous, il est de s’en émanciper.
AA : Dès lors selon vous, pourquoi les Corses, comme les Alsaciens, n’en ont pas profité pour porter des revendications autonomistes, gilet jaune sur le dos ?
TB : Le gilet jaune est un symbole d’insoumission, mais aussi un plus petit dénominateur commun entre des catégories et des revendications disparates. Il recèle en outre un aspect égalitaire voir nivellateur républicain. Dans le cas de la Corse, les autonomistes ont cru pouvoir jouer la carte Macron. Leur base militante est donc restée « l’arme au pied ».
Pour les « patriotes libres », il s’agit aujourd’hui de dépasser le paradigme gilet-jaune pour enraciner la résistance populaire dans le cadre de la lutte d’émancipation nationale de notre peuple.
AA : Parmi la population corse, où en est la notion d’autonomie ? Est-ce un souhait partagé par l’ensemble de la population, par les jeunes par exemple ?
TB : Il n’existe pas de « population corse », mais un peuple historique aspirant à vivre en tant que tel sur sa terre. L’idée d’autonomie de la Corse, de droit et de plein exercice, est désormais largement partagée. Elle progresse d’autant plus que la France s’enfonce dans le chaos et ne fait plus rêver personne.
La jeunesse corse a parfaitement conscience qu’un futur digne n’est pas envisageable sous les plis du drapeau tricolore et de la dictature des « valeurs de la République ». Elle saura s’émanciper de ces carcans et s’engager dans le combat national et identitaire.